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Soldats de la Grande Guerre : sont-ils morts pour « rien » ?

« Ils sont morts pour rien. […] Par leur seule existence, par leur seule obéissance, ces noms [sur les monuments aux morts] ont légitimé une autorité cruelle, soutenant la lutte contre les véritables héros, ceux que chaque enfant devrait prendre comme modèle : les déserteurs, les lâches, les fuyards, les objecteurs… »

Source : À ceux qui sont morts pour rien !, Ploum’s Offline Typewriter, 11 novembre 2022

Avec naïveté, je pensais que mes compatriotes n’éprouvaient que compassion, reconnaissance et admiration à l’égard nos ancêtres qui, par devoir, se sacrifièrent pour repousser l’envahisseur allemand.

J’avais oublié que l’homme occidental fatigué ne pouvait pas concevoir que ses ancêtres voulurent se battre pour défendre leur terre. Vous l’imaginez prendre les armes pour la France, vous, celui qui baisse les yeux dans la rue ou le métro quand ses semblables se font dépouiller ou agresser ? Celui qui se laisse insulter ou taper avec, pour seule réponse, des jappements pitoyables ? Ou celui qui se dit « choqué » parce qu’on l’a « mégenré » ? Il est incapable de défendre sa propre personne, alors son pays… En quatorze, il aurait accueilli l’armée allemande avec une pancarte « Germans Welcome » et, en quarante, il aurait hurlé à la « germanophobie ».

Cet homme-là, il a de quoi se sentir riquiqui quand il se compare à ses ancêtres. Il sait qu’il ne sera jamais à leur hauteur mais il a trouvé un subterfuge pour tenter de paraître moins minable : l’inversion des valeurs. Il a décidé que le fort d’hier deviendrait le faible d’aujourd’hui et vice-versa. Il glorifie les déserteurs de la Grande Guerre et minimise l’héroïsme des combattants, jugés quasi stupides car faisant le jeu des élites, de la patrie, de l’extrême droite bien sûr. Son raisonnement est simple : « Je suis un lâche, je décrète que les lâches sont bons, donc je suis bon », et cela ne lui inspire aucune honte.

Je vais vous dire pourquoi sont morts tous ces Français : pour leurs enfants, aujourd’hui devenus des privilégiés ingrats et abrutis par un confort hérité de la sueur et du sang de ceux qui les ont précédés. Ces Français sont morts pour des enfants qui ne valent rien. Alors oui, en définitive, ils sont morts pour rien. Au moins, nous serons d’accord là-dessus.

Il ne s’agit pas de cracher sur les déserteurs. On ne peut pas imaginer ce qu’on aurait fait dans pareille situation. Je comprends les courageux comme je comprends les lâches. Néanmoins, il nous appartient de choisir les modèles qui guident notre existence. Le déserteur ne fait pas partie des miens.

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