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Adextre

Études et intelligence font deux

S’il fallait encore une preuve qu’il n’existe pas de lien absolu entre niveau d’études et intelligence, la voici.

Sur son blogue, Maxime Tandonnet rapporte des propos qu’un jeune scientifique issu d’une grande école – appelons-le Daniel – lui a adressés :

« Trois degrés supplémentaires d’ici la fin du siècle, c’est le monde que vous, les boomers, allez nous laisser. La partie sud de la France sera un immense désert brûlant sans eau et sans arbres, à l’image du Sahara. »

Cela me fait penser aux dingues qui prophétisaient la fin du monde à la veille de l’an 2000, et qui ont continué de sévir dans les années 2010 – fin de cycle du calendrier maya – jusqu’à la pandémie de Covid.

Ce n’est pas dans mes habitudes de discréditer des paroles par une accusation en folie. J’aimerais discuter du fond, du changement climatique en tant que tel, que je constate, et de ses conséquences, qui préoccupent ma nature quelque peu conservatrice ; mais ce n’est apparemment pas permis :

« Cela ne fait aucun doute, c’est scientifiquement prouvé. »

« Point final », aurait-il pu ajouter. Il me semblait pourtant que le doute était indissociable de l’esprit critique et scientifique. Voilà donc comment pensent nos brillants scientifiques de demain. L’avenir du pays s’annonce radieux !

« Il faut instaurer un contrôle social, une traçabilité numérique des activités de chacun et châtier tout comportement ou pensée criminel envers le climat. »

Puisqu’il se croit dépositaire de la Vérité, Daniel estime qu’il lui appartient de nous imposer ses peurs par la force et la terreur. Dans quelques années, des écoterroristes nourris de ces paroles tireront peut-être à la Kalachnikov sur des commerçants qui laisseront ouverte la porte de leur boutique climatisée, quand d’autres se feront sauter au milieu des foules des centre-villes. Bientôt des Kouachi du climat !

« Oui bien sûr qu’il est temps de couvrir les montagnes, les forêts et les rivages d’éoliennes : le but est de sauver le climat. La beauté, les paysages ? Une préoccupation de petit bourgeois lubrique. »

Ne surtout pas sauver la beauté et les paysages ; en revanche, il faudrait tout faire pour empêcher le Sud de devenir le Sahara, sans doute pour que ce petit péteux climatophobe continue de partir en vacances sur la Côte d’Azur comme il le faisait, enfant, avec papa et maman. Pourtant, entre un paysage de sable et un paysage d’éoliennes, comme on dit, il n’y a pas photo :

Photographie, prise en fin d’après-midi, de dunes de sable dans le désert marocain, aux portes du Sahara Photographie prise au Maroc lors d’une fin d’après-midi au sommet d’une dune.

Que cet enfant à l’âge d’homme se rassure : verdoyant ou désertique, le Sud demeurera. La vérité, c’est qu’il ne veut pas sauver le mais ce climat qui lui permet de mener sa petite vie confortable.

Le cas de ce pauvre enfant et de ses semblables est tristement banal : ils ont peur de leur propre fin. Si études et intelligence font deux, climatophobie, anthropocentrisme et égocentrisme ne font qu’un. Que ces gens comprennent au plus vite que la Terre continuera de tourner après leur mort, que l’humanité a une capacité d’adaptation formidable, et que la nature trouvera son équilibre si l’espèce humaine disparaît demain tandis que les cafards continueront de cavaler comme au Crétacé… jusqu’à une éventuelle Fin, totale et définitive.

J’ai l’impression qu’il y a une continuité entre l’accélération de la peur climatique chez nos jeunes et notre rapport au Covid. Les masques devaient faire écran entre nous et les autres pour nous protéger comme les éoliennes devraient faire écran entre le beau et nous-mêmes pour notre survie. Or, on ne sauvera pas l’humanité en la déshumanisant. Nous avons besoin de connexions avec l’autre et notre environnement. L’excès d’écrans de toutes sortes nous tuera.

Enfin, tout cela me rappelle vaguement La possibilité d’une île de Michel Houellebecq. J’ai l’ai lu il a trop longtemps pour en garder un souvenir précis, mais il me semble qu’il était question d’un homme devenu totalement nihiliste, qui ne voulait plus souffrir et aspirait à l’éternité. Il s’appelait Daniel.

Toutes les citations sont issues du billet intitulé Climatisme, publié par Maxime Tandonnet le 29 janvier 2023 sur son blogue personnel.

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