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Adextre

Randonnée des lacs des Millefonts dans le Mercantour

Depuis Saint-Dalmas, village de la commune de Valdeblore (Alpes-Maritimes), nous roulons sur une route amochée, ponctuée de vieux dos d’âne. Un panneau d’interdiction de circuler apparaît. Dessous, il est écrit « route dangereuse ». Des voitures passent quand même, alors nous aussi.

Après plusieurs minutes sur cette chaussée cahoteuse, qui serpente souvent en lacets, nous finissons par apercevoir le parc de stationnement1 des Millefonts (2 040 m). Il a l’air complet, puisque des voitures sont garées le long de la route qui y mène. Mais qui ose gagne, comme on dit. Nous y allons et trouvons tout de suite une place – la seule.

Nous nous préparons. Un peu de crème solaire par-ci, des vérifications pour ne rien oublier dans nos sacs par-là. Je finis de configurer ma montre2 – c’est elle qui nous guidera – et nous partons.

Cet itinéraire est très fréquenté. De chaque côté du chemin principal, d’autres traces ont fait leur apparition sous les pas répétés des marcheurs.

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La montée est rapide. Derrière nous, la vue se dégage déjà et des paysages diversifiés se dévoilent. Il fait beau, c’est plaisant. Le chemin est à peu près droit jusqu’au moment où la pente se raidit, forçant les lacets, eux-mêmes coupés par d’autres chemins plus directs probablement creusés par des randonneurs pressés.

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Notre rythme cardiaque augmente un peu, mais le dénivelé jusqu’au premier col, le col de Veillos (2 194 m), est plus que raisonnable.

Maintenant, nous marchons tranquillement sur le flanc d’un vallon. Certains randonneurs ne prennent aucune précaution quant au volume de leur voix ; on les entend de loin et on s’immisce malgré nous dans leur vie, comme dans celle de cet homme, la trentaine bien entamée, qui s’étonne d’avoir autant « fondu » après avoir arrêté la bière sur son dernier chantier – la construction d’une piscine. Intéressant, n’est-ce pas ?

Des petits cris, que nous jugeons provenir d’une marmotte – nous n’y connaissons rien cependant –, nous replongent fort heureusement dans un esprit de randonnée.

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On entend un filet d’eau qui fait murmurer un ru, un peu plus bas.

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Après un raidillon, le lac Petit s’offre à nous. Deux labradors se baignent sous l’œil vigilant de leurs maîtres.

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Nous contournons le lac, toujours en suivant le chemin, et nous montons à nouveau jusqu’à un replat où repose, encore, une petite étendue d’eau qui, d’après les cartes, n’a pas mérité pas de qualificatif – est-ce un lac, un étang, une mare, ou peut-être une flaque généreuse ? – ni de nom propre.

Quoi qu’il en soit, ce lieu est beau. Les rives sont grassement herbeuses et le sol, imbibé d’eau, a été propice à la pousse de fleurs blanches cotonneuses – des linaigrettes ?3

Nous enjambons le ruisseau par lequel la petite étendue d’eau dégorge, au bruit doux de son écoulement.

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Nous arrivons cette fois au lac Long. Les mêmes petites boules de cotons s’étendent sur une longue bande blanche – un rappel de la couleur de la neige en été ? L’herbe croque sous la chaussure comme des haricots fermes sous la dent.

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Et nous montons encore. Et comme à chaque fois, à chaque replat, de l’eau. Nous voici au lac Gros. Qu’est-ce qui a bien pu lui valoir ce nom ? Là, il y a moins d’herbe. Le lac est entouré de rocaille et flanqué d’une paroi âpre qui dégage une forme d’hostilité.

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Il est presque treize heures. Nous décidons de repousser le déjeuner et, avant, de rejoindre le col du Barn, point culminant (2 452 m) de notre promenade. Pour s’y rendre, il faut emprunter un chemin plus rocailleux que les précédents.

Durant cette montée, un grand rapace se fait voir dans le ciel, probablement un aigle ou peut-être un vautour, au vu de son envergure et des quelques longues plumes qui pointent au bout de ses ailes. Il passe, repasse, porté par les courants d’air chaud.

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Arrivés au col, notre regard plonge dans un panorama remarquable fait de pointes, crêtes, caïres, escarpements, vallées et combes, soigneusement inscrits sur la carte de l’Institut géographique national, lequel résume cette profusion de termes que je ne maîtrise pas par un seul mot traversant la page en lettres capitales : MERCANTOUR.

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Capture d’écran du site Internet Géoportail (© IGN, 2025)
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Nous ne traînons pas. Ici, il y a du vent, un vent trop frais pour nos tenues à manches courtes.

Il y a deux ans, nous avions fait le même parcours – ce n’est donc pas une découverte, mais l’émerveillement est le même – en le prolongeant jusqu’au mont Pépoiri (2 674 m). Mais nous ne voulons pas nous lancer aujourd’hui dans cette ascension pierreuse. Nous risquerions d’avoir trop froid et nous voulons préserver nos jambes pour les prochaines marches de notre séjour.

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Par le même chemin, nous redescendons au lac Gros, où trois jeunes se sentent obligés de hurler, et nous nous arrêtons un instant pour manger notre casse-croûte.

Des cris aigus d’animaux (non humains) se font de nouveau entendre. Encore des marmottes ? Impossible de vérifier ; ici, il n’y a pas de réseau. Profitons-en pour faire travailler notre imagination plutôt que les serveurs de Google.

Nous nous remettons en marche. Il fait de plus en plus gris. Nous revoyons souvent les mêmes personnes que nous avons déjà doublées, qui nous ont doublés, ou que nous avons croisées. Encore ce couples de jeunes : la femme blonde parle fort et semble pressée ; elle marche toujours devant son compagnon, qui lui répond avec un ton résigné.

Certaines zones sont complètement couvertes de pierres, qui semble se déverser ici à l’infini depuis des millions d’années.

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Le parcours est plus facile. On marche d’un pas plus rapide en contemplant le paysage sous un ciel changeant.

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De plus en plus de conifères se dressent.

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Je me risque à penser qu’au loin, c’est la Méditerranée qui se dévoile timidement – la bande bleue diluée dans un voile qui se confond presque avec l’horizon.

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La grisaille s’épaissit. Les marcheurs convergent vers les chemins qui mènent au parc de stationnement. On retrouve cette marcheuse adolescente, accompagnée d’un épagneul un peu moins vif qu’au départ, cherchant à désormais marcher sur l’herbe plutôt que sur les cailloux pour préserver ses coussinets.

Quelques gouttes commencent à tomber.

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Au parking, de nombreuses voitures ont déjà quitté les lieux. Des retraités bruyants et paresseux chargent des ânes.

Nous reprenons notre voiture trois heures et cinquante minutes après l’avoir laissée. Maintenant, il pleut.

Nous avons parcouru un peu de plus de sept kilomètres et monté quatre cent cinquante mètres de dénivelé positif cumulé. Une bonne promenade, en somme.

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Capture d’écran de la trace GPX (voir l’annexe) de cette randonnée via le service gpx.studio et les données cartographiques d’OpenStreetMap, mises en forme par OpenTopoMap

  1. En anglais, on dit parking… ↩︎

  2. Une Polar Vantage V3, qui embarque une fonction de cartographie reposant sur les données d’OpenStreetMap et de suivi d’itinéraire, ainsi qu’un altimètre barométrique. ↩︎

  3. Je ne peux pas l’affirmer, étant ignorant en la matière, comme en faune et en géologie d’ailleurs, ce qui fait beaucoup, je vous l’accorde, et annonce certainement des erreurs dans ce billet. ↩︎

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