La résurrection de la flèche de Notre-Dame

« Et si l’effondrement de la flèche était la suite logique de ce que nous faisons subir à l’Histoire ? L’oubli, le ricanement, la certitude de nous-mêmes, l’emballement, l’hybris, le fétichisme de l’avenir… et, un jour, les cendres. »¹

Comme Sylvain Tesson, après le grand incendie, il y avait de quoi désespérer. Nous n’avions pas su conserver ; pourrions-nous reconstruire ?

Confronté à l’ampleur du chantier, l’architecte en chef Philippe Villeneuve dit lui-même : « Quand je me suis retrouvé au pied de la bête avec le trousseau de clés, j’ai été pris d’angoisse. »²

Déjà, des mauvais esprits imaginaient des projets débiles de reconstruction. Ils voulaient que Notre-Dame devînt une sorte de Disneyland ou le décor instagrammable de leur vie misérable.

Heureusement, un élan conservateur finit par s’imposer et, des cendres, la flèche ressuscita.

La réouverture de la cathédrale approche. Portée par des bâtisseurs, héros de notre patrimoine, la flèche pointe de nouveau le ciel avec confiance, sous le ballet temporaire des grues du chantier.

Espérons qu’elle continuera de traverser les siècles, car la flèche est le paratonnerre de la folie de notre époque. La foudre de la modernité s’écrase dessus en vain, annihilée par l’immuable, en même temps que la grandeur de tout un pays continue d’être tirée vers le haut par sa structure, comme la sève dans l’arbre.