Finissons-en avec le changement d’heure et revenons à l’heure de Paris
La nuit dernière, nous sommes passés à l’heure d’hiver. Nos horloges ont reculé et les dormeurs ont pu profiter d’une heure de sommeil supplémentaire.
Personnellement, je suis partisan de la fin du changement d’heure, qui nous bouleverse plus qu’il nous rend service. Je suis même pour aller plus loin encore : revenir à l’heure véritable de Paris.
Il faut savoir qu’en 1911, nous adoptâmes le temps moyen de Greenwich (GMT) comme référence. Parce que neuf minutes et vingt-et-une secondes le séparent du temps moyen de Paris, toutes les montres et horloges de France durent reculer d’autant. Nous passâmes ainsi à l’heure anglaise.
Une dizaine d’années plus tard fut instaurée l’heure d’été de mars à octobre pour, paraît-il, faire des économies d’énergie en profitant davantage de la lumière de la fin de journée. Et en juin 1940, durant les heures sombres de l’été, nous ajoutâmes une heure supplémentaire pour nous mettre à l’heure de Berlin.
Voilà où nous en sommes.
Malgré une tentative de retour à l’heure d’avant-guerre, nous avons finalement conservé l’heure allemande. Résultat : nous avons une heure de plus qu’au méridien de Greenwich en hiver, et deux heures de plus en été.
Au-delà de raisons liées à honneur, qui devraient suffire à nous commander de reculer notre heure pour retrouver celle de 1911, cette situation pose un sérieux problème à mes yeux : notre heure actuelle est complètement décalée par rapport à l’heure solaire.
Midi (medidies) est censé être le milieu (medius) du jour (dies) ; c’est à ce moment-là que le soleil devrait être au zénith. Or, à cause de ce décalage, le soleil culmine vers 13 h 00 en hiver et vers 14 h 00 en été – plus besoin de chercher, midi est alors à quatorze heures.
La conséquence est que soleil se lève et se couche plus tard. Ainsi, les journées paraissent interminables en été et, en hiver, c’est terrible pour ceux qui ont des horaires classiques ; ils ne voient jamais le soleil ! Ils s’enferment au travail à partir de 9 h 00, avant le lever du soleil, et rentrent chez eux après son coucher. Il y a de quoi déprimer !
Moi, président, je ferais adopter l’heure de Greenwich dans un premier temps, puis l’heure véritable de Paris dans un second (cocorico !). Midi redeviendrait le milieu du jour, minuit de la nuit, et les points seraient sur les i.
Fin juin, moment où les journées sont les plus longues (environ 16 heures), le soleil se lèverait vers 4 h 00 (12 – (16/2)) et se coucherait vers 20 h 00 (12 + (16/2)). Tout naturellement, on se lèverait plus tôt, on irait au travail vers 6 h par exemple, et on repartirait en début d’après-midi pour profiter du reste de la journée. D’un point de vue pratique, cela ne changerait absolument rien, il faudrait juste que certains franchissent le cap psychologiquement.
Fin décembre, quand les journées sont très courtes, le soleil se lèverait vers 8 h 00 pour se coucher vers 16 h 00. Certes, nous quitterions le travail une fois la nuit tombée, mais nous verrions le jour avant d’aller travailler. Les Français seraient sans doute moins déprimés qu’aujourd’hui.
On pourrait même imaginer raccourcir les journées de travail en hiver pour voir davantage le jour, et les rallonger en été tout en gardant suffisamment de temps pour profiter des beaux jours.
Je sais, je rêve. Mais je pense sincèrement que nous méprisons trop les cycles naturels, en particulier le rythme du soleil. Notre corps (donc notre esprit) ne peut pas s’épanouir en restant complètement déconnecté de la nature ; c’est sa nature.